Saint Augustin et le purgatoire
Quant à saint Augustin, c'est un des Pères que nous devons le plus consulter. Il a écrit sur la matière un livre tout spécial qu'il a intitulé : Du soin que l'on doit prendre des morts ; nous donnons ici ce que ce livre contient de plus remarquable. , Saint Paulin
de Nole avait consulté son célèbre contemporain,pour savoir si les âmes
des trépassés tirent quelque utilité du lieu de la sépulture de leur
corps.' Ce saint évêque avait en même temps insinué dans sa lettre à saint Augustin, ce qu'il pensait sur cet article. Il me semble, dit-il, que la sépulture d'un mort, faite dans un lieu saint,
ne peut être inutile à son âme, parce que le soin même que l'on prend
d'inhumer un homme dans la basilique d'un martyr, est une espèce de
prière par laquelle on tâche d'attirer la protection de ce martyr sur
lui. A ce sentiment il avait opposé une difficulté, tirée d'un passage
de la seconde épître. aux Corinthiens, par lequel il est dit que nous ne
recevrons dans l'autre vie, que les fruits des bonnes œuvres que nous
aurons faites nous-mêmes dans celle-ci.
Voici comment saint Augustin expose la question, le sentiment, et le doute de saint Paulin
: «Paulin, mon cher et vénérable confrère dans l'épiscopat, je suis
demeuré longtemps redevable d'une réponse à la lettre que votre sainteté
m'a envoyée par les gens de Flore, cette femme si religieuse, qui est
notre fille en Jésus-Christ. Par cette lettre, vous me demandez si je
crois qu'un mort puisse tirer quelque utilité de la sépulture de son
corps, quand on la lui donne dans une basilique consacrée à la mémoire
de quelque saint.... Et en me demandant quel est mon sentiment sur
ce sujet, Tous me faites assez sentir quel est le vôtre. Car vous dites
que les mouvements pieux qui excitent les parens d'un fidèle à lui
procurer une telle sépulture après la mort, Tous semblent ne devoir pas
être inutiles à ce fidèle trépassé. Vous ajoutez que ce n'est point en
vain que l'Eglise prie pour les morts. Vous tirez de là cette
conséquence, que quand la foi des vivans pense à ménager les suffrages
des saints à un fidèle trépassé, en lui procurant la sépulture dans une
Eglise, alors il en peut revenir quelque avantage à ce fidèle. Vous
objectez ensuite que si cela est ainsi, vous ne voyez pas comment on
pourra accorder ce sentiment avec ce que dit F apôtre; Nous devons
tous comparaître devant le tribunal de Jésus Christ afin que chacun
reçoive ce qui est dû aux bonnes ou aux mauvaises actions qu'il aura
faites pendant qu'il était revêtu de son corps »
Saint Augustin fait d'abord une réponse sommaire à saint Paulin, en disant :
1°
que c'est par la bonne vie que l'on s'assure dans ce monde le droit de
tirer dans l'autre quelque utilité de la piété des vivants.
2°
Qu'il y a des âmes dans l'autre monde, auxquelles ces sortes de secours
des fidèles vivants ne sont d'aucune utilité; soit parce qu'elles s'en
sont rendues indignes ici-bas par une dépravation entière de leurs
mœurs, soit parce que, par une vie toute sainte, elles se sont mises en
état de n'en avoir aucun besoin.
3°
Que par conséquent, il faut avoir acquis des mérites dans ce monde,
pour tirer après la mort quelque avantage des prières de l'Église. Et
c'est en ce sens, que ce saint docteur
prétend que l'apôtre a dit : Nous devons tous comparaître devant le
tribunal de Jésus-Christ,' afin que chacun reçoive ce qui est dû aux
bonnes ou aux mauvaises actions qu'il aura faites, pendant qu'il était
revêtu de son corps. »
Selon saint Augustin,
ceux qui sont doués d'une sainteté parfaite, en sortant de ce monde,
n'ont aucun besoin des prières que l'Église fait pour les morts. Ces
prières ne son non plus d'aucune utilité pour ceux qui ont mené une vie
tout-à-fait déréglée
dans ce monde. Il n'y a que ceux qui sont morts avec la foi et avec la
charité, qui ont porté des mérites avec eux au tribunal de Dieu, mais
qui ont une justice tachée de quelques iniquités, qui tirent quelque
avantage de ces prières. Il y a donc hn troisième lieu, outre le Ciel et
l'Enfer, dans l'autre monde, dans lequel les âmes justes imparfaits
attendent du secours, et dans lequel, par con< séquent, ces âmes
souffrent quelques peines. Et c'est là le Purgatoire que l'Eglise croit, et que nos adversaires ne veulent point reconnaître.
Ce seul passage de saint Augustin suffit pour faire voir que c'est là son sentiment. Il n'en fallait pas davantage pour faire entendre à saint Paulin,
que c'est la piété qui cherche pour les morts une sépulture distinguée
dans les basiliques des martyrs. Cette sépulture devient pour eux une
espèce de prières, que Dieu peut exaucer en faveur de ceux qui l'ont mérité, pendant qu'ils étaient dans cette vie. Mais ce Père va plus loin. . ,
«
Nous lisons dans les livres des Machabées, dit-il, que Ton a offert un
sacrifice pour,les morts; mais quand nous ne serions point fondés sur
l'autorité de l'Ecriture, celle de l'Eglise, qui a coutume de faire
mémoire des morts dans les prières que le prêtre offre à l'autel, suffit
bien». Par, là il coufirme saint Paulin dans le sentiment où il était à ce sujet.
Ensuite saint Augustin agite cette question générale, savoir : Si la sépulture des corps peut concourir à la félicité ou au malheur des âmes qui ont habité
dans ces corps. Il dit d'abord qu'il est fort indifférent à l'âme que
le corps soit inhumé, ou qu'il soit laisse sans sépulture. Il ajoute
qu'A n'y a que des payens qui puissent penser le contraire : les raisons
qtt!il en donne, c'est 1° parce que Jésus-Christ nous ordonne de ne pas» nous embarrasser de ces corps périssables qo'il: ressucitera un jour. C'est 2° que les Corps des saints ont souvent été livrés en proie aux oiseaux du Ciel et aux biles féroces de la terre. De
là il conclut, que les soins que l'on se donne pour la sépulture des
morts, le lieu de cette sépulture, la pompe des funérailles, servent
plutôt à la consolation des vivants, qu'au soulagement des morts..
S'il
est avantageux aux riches impies d'être somptueusement inhumés, dit-il
ensuite, il s'ensuivra de là qu'un juste pauvre, que l'on enterre avec
une simplicité religieuse et édifiante, perdra beaucoup à n'avoir rien
d'éclatant dans sa sépulture. Cependant le mauvais riche, dont le corps
fut conduit
avec pompe dans un tombeau somptueux, par un nombreux cortége, ne
laissa pas d'être enseveli dans les enfers. Au contraire, le Lazare qui,
selon toute apparence, avait été inhumé d'une manière toute simple,
conforme à la pauvreté de son état, et à la misère de sa condition, le
Lazare fut porté dans le sein d'Abraham. Ce n'est donc pas le lieu de la
sépulture d'un mort, qui peut de lui même avancer la félicité de son
âme.
« Il ne faut pas cependant mépriser et négliger les corps de nos frères qui sont morts, ajoute ce saint Docteur.
La nature nous les recommande tous mais nous devons un honneur et un
respect particuliers à ceux des justes qui ont été les instrumens dont
le Saint Esprit s'est servi pour faire faire toutes sortes de bonnes œuvres à ses élus.
Les
patriarches doivent nous servir de modèles, dans cette tendresse et
dans ces. soins qu'ils ont eus pour les autres et pour eux-mêmes. Dieu
les a récompensés dans Tobie ; Jésus-Christ les a loués dans Marie. »
Saint Augustin répond, après cela, à la question proposée par saint Paulin
; et il dit : 1° Que c'est déjà la marque d'une louable affection
envers les Morts, que d'avoir soin de les faire inhumer dans les
Eglises. Car, dit-il, s'il y a quelque piété et quelque religion à les
ensevelir ; il ne peut se faire qu'il n'y en ait point du tout dans le
soin que Ton se donne pour choisir le lieu dé leur sépulture.
2°.
Que le lieu de la sépulture des morts , ne peut de lui-même procurer
aucun soulagement à leurs âmes : mais, dit-il, il peut se faire par oc casion,
qu'il en revienne quelque utilité au* amis des fidèles Trépassés, comme
quand leurs corps sont enterrés dans les basiliques des Martyrs.
Comment cela ? C'est qu'en procurant ces sortes de sépultures saintes et
religieuses à ceux que l'on aime, l'on est censé ne le faire que dans
la vue de les recommander aux saints, dans les Eglises desquels on les
fait inhumer. On cherche par là à donner à ces chers défunts, ces saints
pour patrons et pour protecteurs auprès de Dieu. Enfin, il faut croire
qu'on ne leur accorde la sépulture dans les Basiliques des Martyrs,
qu'afin d'être excité à prier pour eux, autant de fois qu'on entre dans
ces lieux, pour adorer Dieu, et pour y honorer les Martyrs.
Pour que le lieu de la sépulture soit de quelque utilité à un défunt que l'on enterre dans fâ fiasi que d'un martyr, saint Augustin demande trois conditions : 1° Que ce soit la piété, ët non la Vsl-, nlfé, qui recherche ces sortes de sépultures. C'est ce que ce saint docteur suppose évidemment dans le passage que nous venons de citer, et dans ce qu'il dit au nombre septième du chapitre 5.
2° Que Cêfëè S
qui Ton donne un tombeau dans ces lieux saints aient mérité par leur
vie d'avoir les Martyrs et les fidèles vivants pour patrons auprès de
Dieu après leur mort.
3° Enfin, il veut qu'en quelque lieu que
l'on poisse enterrer un Fidèle, l'on n'omette point pour cela les
prières que l'Église catholique a coutume de faire, même pour ceux des
Morts dont on ne prononce pas les noms, mais pour lesquels on prie,
comme pour tous les autres en général afin qu'ils tirent de leur mère
commune des secours que la dureté et l'ingratitude de leurs enfants, et
de leurs amis ne leur refusent que trop souvent ; car si on venait à
négliger ces prières qu'une foi droite et pieuse a coutume de leur
consacrer, je crois, dit il, qu'alors il ne servirait de rien aux âmes,
d'avoir leurs corps inhumés dans les lieux saints.
Voilà comment il décide la question que saint Paulin lui avait faite. Il s'étend ensuite sur la sépulture
des corps, et sur les apparitions des Morts. Mais dans tout le reste de
son livre, il n'y a rien qui puisse servir de preuves à la vérité du Purgatoire,
si ce n'est les dernières paroles, par lesquelles il établit trois
vérités : la première, que nous ne serons utiles à nos frères trépassés
que par les sacrifices, ou de l'autel, ou des prières , ou des aumônes
que nous ferons pour eux. La seconde, que ces suffrages ne procurent du
soulagement qu'à ceux qui ont mérité par une vie chrétienne d'en
recevoir le fruit. La troisième, que nous sommes obligés à les faire
pour tous les fidèles ; par ce que nous ne savons pas qui sont ceux en
particulier, qui en peuvent profiter, ou non, et qu'il vaut mieux offrir
pour certains, d'entre les morts, des suffrages qui leur sont inutiles,
que d'en refuser à quelques uns qui en auraient besoin.
Il
finit en répétant ce qu'il avait dit, pfes hant* au sujet des avantages
que l'on peut tirer de la sépulture accordée à un fidèle dans une
Église.
A ces preuves, nons n'en ajouterons qu'une seule tirée d'un autre livre du même saint docteur
; laissant les autres, pour nous en servir dans la suite, afin de faire
voir quel a été le sentiment des saints Pères sur les différentes
matières que nous avons à traiter.
Si l'Église, dit donc ailleurs, saint Augustin, connaissait
cent des vivants, qui, en conséquence des péchés dans lesquels ils
mourront, sont prédestinés aux feux éternels avec le démon, elle ne
prierait pas plus pour ces hommes, qu'elle ne prie pour le démon. Mais
parce qu'elle ne sait point lesquels d'entre les vivants sont destinés à
ces supplices, elle prie pour tous ceux de ses ennemis qui sont encore
sur la terre, quoi qu'elle ne soit point exaucée pour tous, mais
seulement pour ceux qui étant prédestinés à la gloire deviendront ses
enfants avant de mourir. Que si quelqu'un porte un cœur impénitent
jusqu'à la mort, l'Eglise ne prie point pour ces sortes de défunts,
parce qu'ils sont déjà au nombre des démons. La raison, qui fait qu'au
jour du jugement on ne priera pas pour ceux que Dieu condamnera aux
supplices éternels, c'est la même pour laquelle on ne prie point à
présent, et on ne priera point non plus alors pour les mauvais anges ;
c'est la même encore qui empêche de faire aucune prière pour les
infidèles, ou les impies qui sont morts dans l'infidélité et dans
l'impiété. Pour ce qui regarde la prière que l'Eglise offre pour les
autres trépassés, elle n'est utile qu'à ceux dont la vie n'a été ni si
déréglée, qu'ils soient indignes d'en ressentir les effets ; ni si pure,
qu'ils n'aient plus absolument aucun besoin de ces suffrages.
Il dit ensuite, qu'entre le temps de la résurrection,
et celui du jugement dernier, il y aura des peines pour ceux des
pécheurs qui n'auront point mérité d'être condamnés aux flammes
éternelles. Il appuie ce sentiment sur le passage de saint Matthieu, où Jésus-Christ dit qu'il y aura des péchés qui seront remis dans l'autre vie. Voici les paroles de saint Augustin.
«
Après la résurrection des Morts, il y aura des pécheurs qui recevront
la miséricorde, après qu'ils auront souffert les peines que souffrent
dans l'autre vie les âmes de ceux qui sont morts ; en sorte que cette
miséricorde fera qu'ils ne seront point condamnés au feu éternel, car il
ne serait pas vrai de dire qu'il y aura des péchés qui ne seront
pardonnés, ni dans ce monde, ni dans l'autre, s'il n'y en avait quelques
uns, qui n'ayant point été remis dans cette vie, le seront après la
mort. »
Ces derniers passages prouvent évidemment trois vérités, desquelles il en résulte nécessairement une quatrième ;
1°
Que ce n'a jamais été l'intention de l'Église de demander des biens
spirituels et la vie éternelle pour les réprouvés, soit qu'ils fussent
encore dans ce monde, soit qu'ils fussent déjà passés dans l'autre.
2°
Qu'elle n'a point non plus prétendu faire des prières pour les saints
qui règnent dans le Ciel avec Jésus-Christ et que si elle paru en faire
quelques unes pour les Martyrs, pour les Bienheureux, etc., elle n'a prétendu
par là autre chose que de leur procurer une gloire plus grande, en
faisant connaître et honorer leurs mérites parmi les vivants, en
pressant ceux-ci d'irtritep tes exemples de ceux-là, et d'implorer leur
t^ecotes ; en faisant à ces esprits bienheureux, comme dit saint Chrysostôme,
l'honneur de les nommer en présence du Seigneur, au milieu de la
célébration des mystères ineffables par lesquels on renouvelle la mort
d'un Dieu.
« Nous ne taisons pas mémoire des Martyrs, comme des autres défunts, dit aussi saint Augustin : en nommant ces Saints à l'autel, nous ne prétendons pas prier pour eux ; mais nous les supplions d'intercéder pour nous.
La
troisième chose qui suit de ces passages, c'est que l'Eglise a toujours
prié pour les justes imparfaits, afin de leur procurer du secours. Par
conséquent, 4° elle a toujours cru que ces justes imparfaits sont en
peine dans l'autre vie.
§ 12.
4e Siècle.
ARTICLE I.
Observations.
Observations.
Il
est d'autant plus difficile de séparer le quatrième et le cinquième
siècle, que les Pères du cinquième ont vécu plus ou moins long-temps
dans le quatrième et fleuri dès cette époque. Ainsi saint Paulin
de Nôle est mort l'an 431, âgé de soixante-dix-huit ans ; conséquemment
il avait assisté à toute la seconde moitié du quatrième siècle. Saint Augustin,
mort en 430 , était né en 354 ; conséquemment il était déjà âgé de plus
de quarante-cinq ans, quand le quatrième siècle fit place au cinquième.
Saint Jérôme remonte encore bien plus haut; car, malgré ses dures austérités, il est mort prèsque centenaire, le 30 septembre 420, étant né vers l'an 331. Saint Sulpice Sévère , mort aussi en 420 , devait être également d'un âge avancé, puisqu'il avait été homme du monde et marié.
On
voit donc que nous aurions pu placer indifféremment les témoignages de
ces saints docteurs au siècle dont nous nous occupons présentement et
qui a été celui de leur jeunesse et de leur maturité.
Quelle
force leur témoignage n'acquiert-il pas de ces considérations, en les
plaçant si près des traditions les plus primitives, qu'elles n'ont pu
certainement leur échapper.
ARTICLE II
Saint Ambroise.
Saint Ambroise, dont saint Augustin fut
l'élève avait précédé son disciple de quelques années dans la tombe. Il
mourut en 397, après avoir occupé pendant vingt-trois ans le siège
épiscopal de Milan.
Cet
illustre pontife croyait sans doute aussi qu'il existe dans l'autre vie
des peines expiatoires ; car il priait pour l'empereur Théodose et pour
l'empereur Yalentinien, non seulement immédiatement après leur décès, mais, encore au jour anniversaire de leur mort. Il offrait pour eux le saintsacrifice
4e l'autel ; il demandait sans cesse pour eux un lieu de paix et de
repos. Il avait déjà fait la même chose pour son frère Satyre. Voici ses
paroles : « les pauvres ont pleuré à sa mort, dit-il ; et ce qui est
bien plus avantageux pour lui, c'est qu'ils ont lavé ces fautes avec
leurs larmes ; ce sont ces larmes, ces gémissements, qui tempèrent les
douleurs de la mort.»
Après
avoir relevé par de justes éloges, les vertus de son frère, après,
avoir justifié la douleur qu'il ressemait de sa mort, il recommande au
Seigneur son âme quoiqu'innocente.
«
Pourquoi retarder votre sépulture, ô mon cher frère ? pourquoi
attendre, pour vous conduire au tombeau, que mon oraison funèbre meure,
et qu'elle soit comme ensevelie avec vous ? Non, je ne prolongerai pas
davantage mon discours, quoi que
je trouve encore quelque plaisir à le faire ; puisqu'en prononçant
votre éloge, j'ai encore la consolation de voir la beauté et la grâce
qui accompagnent vos yeux et votre corps même, après la mort. Nous
allons donc vous conduire au tombeau ; mais auparavant je veux vous
faire mes derniers adieux, vous souhaiter la paix, et vous donner le
baiser accoutumé en présence du peuple. Puissiez-vous nous précéder dans
ce séjour bienheureux qui est dû à vos mérites, qui est promis à notre
fidélité, et qui deviendra désormais de plus en plus l'objet de mes
ardents désirs ! Ménagez-moi le bonheur d'y habiter un jour avec vous ;
et puisque nous avons eu tout en commun sur la terre, que nous n'ayons
pas un sort différent dans l'autre vie, ne me laissez pas soupirer
longtemps après la joie de me réunir à vous ; secondez les efforts que
je vais faire pour aller vous rejoindre au plus tôt, et si vous voyez
que je prolonge trop mon séjour dans ce monde, venez me chercher.... A
présent, O Dieu tout puissant, je vous recommande cette âme ; qui
emporte avec elle le gage précieux de l'innocence ; c'est ici une hostie
que je vous offre, recevez-la
avec bonté ; et que ce sacrifice présenté de la main d'un frère, de la
main d'un prêtre attristé, puissent vous rendre favorable à celui pour
lequel je le fais.»
Ailleurs,
il montre que c'était la coutume de son temps de célébrer et de
renouveler tous les ans le jour de la mort des fidèles : « On dit qu'il y
a eu des peuples autrefois qui pleuraient à la naissance des hommes, et
qui faisaient des fêtes solennelles
à leur mort ; et ce n'est pas sans cause qu'ils croyaient devoir
s'attrister sur le sort de de ceux qui venaient s'embarquer sur la mer
orageuse de ce monde, et se réjouir au contraire, lorsqu'ils étaient
échappés à ses orages et à ses tempêtes. Nous imitons assez cette
conduite, puisque nous ne faisons aucune mémoire de la naissance des
Fidèles, et que nous célébrons avec une pompe solennelle, le jour
anniversaire de leur mort. »
Ce
n'était pas seulement l'heureux passage des Martyrs à la gloire
immortelle que les fidèles célébraient par des cantiques et par des
actions de grâces : ils s'assemblaient dans les Eglises, et ils allaient
sur les tombeaux de tous les Fidèles Trépassés, afin d'y prier le
Seigneur pour eux. Saint Ambroise nous le dit ; et il l'a pratiqué lui-même pour son frère Satyre et pour l'empereur Théodose.
Y
a-t-il rien de plus touchant, de plus poétique que ces paroles
prononcées par l'éloquent évêque à la mort de l'empereur Valentinien : «
Je ne sèmerai point des fleurs sur son tombeau ; mais je répandrai sur
son âme l'odeur de Jésus-Christ ; Que les autres jettent les lys à
pleines mains, notre lys à nous, c'est le Christ. C'est au nom du Christ que je bénirai ses restes, c'est au nom du Christ q ue je solliciterai son bonheur. »
ARTICLE III
Saint Hilaire de Poitiers
Saint Hilaire de Poitiers, dont saint Jérôme fixe la mort à l'an 368, est appelé par ce grand docteur le Rhône de l'éloquence latine. En
effet, son éloquence est impétueuse, et son style nerveux. Il y a
beaucoup d'ordre dans ses écrits, de justesse dans ses pensées et de
force dans son raisonnement ; sa critique surtout est sévère, mais
juste. En parlant du Purgatoire ; il dit : « Si nos âmes ont quelque péché à expier, nous subirons l'activité de ce feu où l'on souffre de si grands tourments.»
ARTICLE IV.
Lactance.
Lactance.
Lactance, surnommé le Cicéron chrétien, avait eu pour maître le saint homme Arnobe que nous citerons bientôt. Il dit dans son livre des Institutions divines : «
Quand le Seigneur aura jugé les justes, il les éprouvera par le feu ;
et alors ceux dont les péchés, soit par leur poids, soit par leur
nombre, prévaudront sur les bonnes actions qu'ils auront faites, seront
examinés et punis par le feu ; mais ceux-là n'en sentiront point les
atteintes qui seront ornés d'une vertu et d'une justice parfaites. »
article v.
Arnobe.
Son maître Arnobe, l'un des plus illustres apologistes de la religion, appelé par Vossius le Varron des écrivains ecclésiastiques, dit
au sujet des assemblées des chrétiens, que l'on avait coutume d'y prier
le Seigneur d'accorder le pardon et la paix aux fidèles vivans et aux
fidèles trépassés.
ARTICLE VI.
Saint Zénon.
Saint Zénon,
évêque de Vérone, nous rapporte d'une femme qui venait de perdre son
mari, qu'elle troublait par ses sanglots les saintes solennités dans
lesquelles les prêtres ont coutume, de recommander à Dieu les âmes des
défunts.
ARTICLE VII
3e et 4e Concile de Carthage.
Le troisième concile de Carthage, tenu de 390 à 397, après avoir ordonné de célébrer à jeun le saint sacrifice de l'autel, prescrit pour le cas où l'on
serait obligé de faire après midi, la recommandation de quelque évêque,
de quelque clerc, ou de quelque autre défunt, que cette commémoration
se fasse seulement par des prières.
Il
fut tenu dans la même ville en 399, un quatrième concile dans lequel on
règle que si de* pénitents, après avoir rempli fidèlement les lois de
la pénitence, viennent à mourir, soit sur terre, soit sur mer, sans que
l'on ait pu leur donner les secours des mourants, on ne laissera pas
d'offrir pour eux le sacrifice et les autres suffrages de l'Église.
ARTICLE VIII.
Force de ces témoignages. Voilà donc noire croyance sur le Purgatoire reportée d'âge en âge jusqu'à ces siècles primitifs
dont nos adversaires nous reprochent si calomnieusement d'avoir changé
la doctrine. Voilà l'Eglise qui la consacre dans ses Conciles ; voilà
les Pères et les Docteurs qui l'enregistrent dans leurs écrits. Si, de
l'aveu de Calvin, « l'Eglise a persévéré pendant les cinq premiers
siècles dans sa pureté natale ; si, jusqu'au temps de saint Augustin,
il est incontestable qu'il n'a rien été changé à la doctrine, ni à
Rome, ni ailleurs, comment Calvin et ses admirateurs n'admettent-ils pas
la doctrine des peines temporelles, de l'expiation des âmes, des
prières et des suffrages pour leur repos, du Purgatoire enfin,
quel que soit le nom qu'on veuille lui donner, comme la pure et
véritable doctrine de Jésus-Christ et des apôtres ? L'iniquité se ment
donc à elle-même, et on peut bien répéter à de tels adversiares ces
paroles de Cornélius Jansénius à Calvin : « Il est étonnant, après ces
contradictions que votre encre ne se tourne point en vermillon et que votre papier ne ne rougisse pas de ce que vous y écrivez. »
S 12.
3«. Siècle.
Mais
comme Calvin, toujours en opposition avec ses propres aveux, n'a pas
craint, pour se débarrasser du poids accablant de l'autorité de si
grands noms, d'affirmer que la doctrine du Purgatoire avait commencé peu de temps avant saint Augustin et saint Ambroise, nous allons continuer nos investigations et chercher dans les trois les
siècles de l'Eglise de Jésus-Christ si nous y trouverons l'origine de
ce dogme, ou plutôt si les docteurs ecclésiastiques de ces trois
premiers siècles n'en parlent pas comme d'une chose admise depuis la
publication de l'Evangile.
ARTICLE I.
Saint Cyprien.
Saint Cyprien.
Saint Cyprien, évêque de Carthage, qui reçut la palme du martyre en 258, parle clairement de l'usage d'offrir le saint sacrifice
et de faire des prières pour les Morts, comme d'un usage établi depuis
long-temps, et reçu de toute l'Église. « Les évêques nos prédécesseurs,
dit-il, par une réflexion sage, et par une prévoyance salutaire, ont
défendu qu'aucun des fidèles qui viennent à mourir, ne nommât un clerc
pour tuteur ou pour curateur de ses enfants ; et si quelqu'un vient à
faire le contraire, ils ont ordonné que l'on n'offrît ni prières ni
sacrifices pour le repos de son âme ; par ce que celui-là ne mérite pas
de participer aux prières que le prêtre fait à l'autel, qui a voulu
détourner les prêtres du ministère de l'autel. »
Ce fut en conséquence de ce décret que saint Cyprien
défendit au clergé et au peuple de Furnes d'offrir aucun sacrifice pour
le repos de l'âme d'un nommé Victor ; parce que, contre la disposition
de ce décret, il avait sommé pour tuteur de ses enfants, le prêtre
Gemini us Faustinus.
On
ne peut certes distinguer avec plus de soin les divers états dans
lesquels peut se trouver une âme juste en sortant de cette vie, que le
mémo docteur, le fait par ces paroles. « Autre chose est, dit-il,
d'attendre le pardon, et autre chose d'entrer dans la gloire ; l'un mis
eu prison, n'en sort qu'après avoir payé jusqu'à la dernière obole,
l'autre reçoit d'abord la récompense de sa foi et de son courage
; on peut, ou être purifié du péché par des souffrances, et en
supportant long-temps la peine du feu, ou les effacer tous par le
martyre. Enfia, autre chose est d'attendre la sentence du Seigneur au
jour du jugement, et autre chose de recevoir incontinent la couronne. »
ARTICLE ».
Concile d'Afrique.
Concile d'Afrique.
Saint Cyprien
nous a en outre conservé la déclaration d'un concile d'Afrique contre
Victor, et ce concile, que l'on appelle cependant premier concile
d'Afrique, semble en supposer un "autre qui se serait tenu quelque temps
auparavant. Il fut solennellement décidé que Victor avait encouru la
peine d'excommunication, qu'il serait privé de la prière que l'on faisait pour les morts dans le saint sacrifice de l'autel, et que son nom n'y serait même pas prononcé.
ARTICLE m.
Tertullien.
Tertullien,
qui mourut vers l'an 216, et que beaucoup d'auteurs placent parmi les
Pères du deuxième siècle, dont il vit en effet s'écouler une partie,
nous fait voir le soin que les fidèles de son temps prenaient pour les
Morts, et la charité qu'ils leur témoignaient. Il en parle d'une manière
si claire, qu'il n'est pas possible de douter que la vérité du Purgatoire ne fût regardée dès le second siècle, comme un dogme de foi venu des Apôtres, et universellement reçu dans toutes les Églises.
« Nous faisons, dit-il, tous les ans en certains jours des oblations pour les morts, et pour la naissance des martyrs.»
Il dit ailleurs. « Je sais qu'une femme chré tienne
s'étant endormie en paix, le prêtre qui se mit à prier pendant qu'on
l'ensevelissait, eut à peine ouvert la bouche pour commencer sa prière,
que cette femme levant les mains, qu'elle avait étendues à ses côtés,
les joignit en forme de suppliante, et qu'ensuite elle les remit en leur
première situation. »
Le
même auteur parlant d'une veuve, qui prétendait passer à de secondes
noces, lui adresse ces paroles : « Dites-moi donc, ma chère sœur :
Êtiez-vous en paix ou en discorde avec votre mari, lorsque Dieu l'a
retiré de ce monde ? Si l'union et la charité ne régnaient point entre
vous, c'est donc pour cela même que vous êtes d'autant plus obligée de
lui marquer votre affection après sa mort puisque vous avez avec lui une
cause commune pendante au tribunal de Dieu. Si vous
étiez en paix avec lui, lorsque Dieu l'a retiré de ce monde, vous êtes
obligée de lui conserver l'amitié que vous lui portiez alors, vous ne
devez penser qu'à prier pour son âme, qu'à offrir des sacrifices pour
lui tous les ans, qu'à demander à Dieu pour votre époux un lieu de
rafraîchissement et la participation à la résurrection première. Que si
vous négligez ces devoirs envers lui, vous passerez avec justice pour
une femme qui a répudié son mari, d'autant plus injustement et plus
indignement qu'elle l'a fait dès qu'elle l'a pu, et sans qu'il l'ait
mérité. »
Voilà
donc les devoirs des fidèles vivants envers les Morts ; devoirs qui,
selon Tertullien, ne peuvent être négligés, sans exposer à la honte ceux
qui les négligent ; devoirs qui de son temps, passaient pour des lois ;
devoirs qui ne sont point d'une invention nouvelle, comme le prétendent
nos adversaires. Si l'on ne voit point le commencement de cette
pratique, du temps même de Tertullien, elle avait donc sa source dans la
tradition divine. Ce n'était point une chose indifférente de la suivre, ou de ne la point suivre. La foi obligeait à l'observer, comme une loi venue de Dieu et reçue de toute l'Eglise.
§ 13.
2» Siècle.
ARTICLE ï.
Actes de sainte Perpétue
ARTICLE ï.
Actes de sainte Perpétue
Il n'y a point de martyres plus célèbres dans l'Eglise que sainte Perpétue et sainte Félicité : Tertullien, saint Augustin et plusieurs autres Pères des premiers siècles, en parlent avec les plus grands éloges ; saint Augustin cite assez souvent leurs actes, et il semble dire que dès son temps on les croyait écrits en partie par sainte Perpétue
même. C'est de lui que nous apprenons qu'on les lisait publiquement
dans l'Eglise et qu'on honorait avec an pieux respect les instructions
qu'ils contenaient.
On
ne peut guère douter que la principale et la plus belle partie de ces
actes n'ait été écrite par sainte Perpétue même, la veille de son
martyre. Saint Sature y a écrit aussi une
grande vision qu'il avait eue, et le reste est d'un auteur contemporain
que plusieurs présument être Tertullien. Quoi qu'on ne sache pas
précisement en quelle année, ni en quelle ville eut lieu le martyre de
sainte Perpétue et de ses compagnons, on ne peut le placer plus tard que
sous la persécution de Sévère, de 203 à 205, et il y a toute raison de
penser avec saint Prosper que Carthage en
fut le théâtre ; il est toujours certain que sainte Perpétue et sainte
Félicité étaient honorées à Carthage dès le quatrième siècle.
Or il est impossible de trouver dans toute l'antiquité
chrétienne un monument qui établisse plus clairement la croyance des
peines temporelles dans l'autre vie, que les actes de ces illustres
martyres de Jésus-Christ ; et l'apparition de Dinocrate à Perpétue sa
sœur, fût-elle, comme le prétendent les incrédules, une vision, un songe
de celle-ci, il n'en reste pas moins constaté que l'on admettait alors
et l'expiation des péchés après la mort et les prières pour le repos des
défunts.
Nous laisserons raconter cette histoire de Dinocrate au savant et judicieux Tillemont.
«
Peu de jours après, sainte Perpétue eut la vision de son frère
Dinocrate qu'elle rapporte amplement, et d'une manière non moins
édifiante qu'agréable.
«Elle est célèbre dans saint Augustin, et, c'est presque autant de lui que des actes, que nous en tirons cet abrégé.
«
Cet enfant mort, comme nous avons dit à l'âge de 7 ans, d'un cancer qui
lui avait mangé tout le visage, était tombé dans les peines et dans la
damnation de la mort, selon l'expression de saint Augustin, qui peut comprendre par ce tenu» Tome I. 10 toutes
les peines auxquelles les hommes sont condamnés après la mort à cause
de leurs péchés ; car les enfants, dit ce Père, sont capables à 7 ans de
mentir et de tomber dans d'autres péchés, de confesser et de renoncer
Jésus-Christ. Ce qui fait que lorsqu'ils reçoivent le baptême, ils
récitent la profession de foi, et répondent eux-mêmes aux choses qu'on
leur demande. Il se peut donc bien faire, ajoute saint Augustin,
que Dinocrale eût été baptisé (puisque presque toute sa maison était
chrétienne) , et qu'ensuite son père l'eût rengagé dans les sacrifices
du paganisme, (par un crime que sa résistance et la faiblesse de son âge
aura pu rendre bien moins grand qu'il n'eût été dans un autre ).
Lors
donc que sainte Perpétue priait une nuit avec les confesseurs, elle
prononça tout d'un coup e nom de Dinocrate. De quoi elle fut elle-même
surprise, ne s'en étant point encore souvenue jusqu'alors. Le malheur et
la chute de cet enfant lui étant aussitôt revenus dans l'esprit, elle
en sentit beaucoup de douleur, et connut en même temps que Dieu l'avait
rendu digne de prier pour lui, et qu'elle le devait faire (tout ce
discours de la sainte favorise beaucoup la conjecture de saint Augustin).
Elle
commença aussitôt à prier pour lui avec beaucoup d'ardeur et de grands
gémissemens; et la même nuit (étant endormie) elle vit son frère, fort
loin d'elle, qui sortait d'un lieu ténébreux, avec la plaie qui lui
avait été la vie, et en un état qui marquait aussi bien que cette plaie,
quelles étaient les peines dont son âme était affligée. Sainte Perpétue
ne laissait pas d'espérer de le pouvoir soulager par ses prières,
qu'elle continuait jour et nuit, demandant à Dieu avec larmes qu'il lui
accordât sa grâce! sa prière ne fut pas vaine. Car cela ayant duré
jusqu'à ce que les martyrs furent transportés ( de la prison ordinaire )
à celle du camp (plus près du lieu où ils devaient souffrir) t"
enfin Dinocrate apparut à la sainte dans un état bien différent du
premier, et qui lui fit connaître qu'il était délivré de la peine qu'il
souffrait auparavant.
On objectait cette histoire à saint Augustin pour
en conclure que le baptême n'était pas nécessaire aux enfants : à quoi
il répond premièrement qu'elle n'était pas d'un livre canonique, dont on
pût tirer des preuves dans ces sortes de questions , et en second lieu
qu'on ne pouvait pas prouver que cet enfant n'eût point été baptisé. Les
hérétiques qui sont ennemis du Purgatoire,
ont bien plus de peine à y répondre. Car ils sont réduits à dire que ce
n'est qu'un songe, à accuser sainte Perpétue d'avoir été un peu trop
légère sur les visions, et à dire franchement qu'elle était une disciple
de Montan (Je ne sais s'il se peut rien de plus injurieux pour
l'Eglise, qui a honoré jusqu'aux visions de sainte Perpétue. L'autorité
de saint Augustin qui n'a rien trouvé
dans cette histoire de contraire à ses sentiments, ni à la foi de
l'Eglise, pourrait embarrasser des gens sincères et de bonne foi). Mais
ils disent hardiment que saint Augustin a
fort bien remarqué que Dinocrate n'avait point été baptisé (et c'est
précisément ce qu'il combat. Non seulement ce Père n'a point rejeté
cette histoire, quand on la lui a objectée) : mais il s'en sert lui-même
pour montrer que l'âme n'est point un corps.
ARTICLE n.
Saint Irénée.
Saint Irénée.
A cette autorité nous joindrons celle de saint Irénée, évêque de Lyon, et martyr l'an 202. On sait que saint Irénée, originaire de l'Asie mineure, était élève de saint Polycarpe et de saint Papias qui eux-mêmes avaient été disciples de saint Jean
l'évangéliste.Il fut envoyé dans les Gaules l'an 157, et en lui
commence la longue chaîne des docteurs qui ont illustré l'Eglise de
France. Il ne nous reste malheureusement qu'une faible partie du texte
original de son précieux ouvrage contre les hérésies ; mais la
traduction latine, écrite probablement sous les yeux de l'auteur, laisse
apercevoir quelque chose de l'éloquence qu'on admiré dans le premier
livre grec et dans les rares lambeaux des quatre autres que le hasard a
conservés.
Le saint Docteur,
après avoir dit dans ce premier livre, chapitre II, que les impies, les
injustes et les blasphémateurs, sont jetés dans le feu éternel, ajoute
touchant les justes , que les uns reçoivent la vie éternelle dès le
moment de leur mort, mais que les autres n'en jouissent qu'après avoir achevé leur pénitence.
Nous allons voir tous ces témoignages se confirmer et se corroborer par la tradition de l'Eglise grecque.
ARTICLE n.
Observations sur les Constitutions apostoliques.
Nous nous abstenons à dessein de citer le livre des Recognitions et celui des Constitutions apostoliques, attribués à saint Clément de Rome, disciple de saint Pierre dont il reçut l'ordination, suivant le témoignage de Tertullien, et qui suc l'an 91 à saint Clet ou Anaclet.
Le Livre des Recognitions est également connu SOUS le titre d'Itinéraire, de Voyages, d1Actes de saint Pierre. Quoique supposé, il n'en est pas moins fort ancien, étant cité par Origène, par Eusèbe, par saint Athanase, par saint Epiphane, par saint Jérôme , et traduit par Rufin. Le pape saint Gélase l'a mis avec raison au nombre des livres apochryphes.
Les Constitutions apostoliques, quoique
certainement moins anciennes, méritent un jugement plus favorable, en
ce qu'elles contiennent des choses très-utiles pour la discipline de
l'Église ; on ne sait quel en est l'auteur ai dans quel temps elles ont
été supposées; cependant on juge qu'elles peuvent remonter jusqu'au
troisième siècle.
Nous donnerons seulement en note quelques passages de ces deux ouvrages, avant d'en venir aux témoignages de l'Eglise grecque, qui achèveront, nous l'espérons, de convaincre les esprits les plus prévenus.
Source : Le livre "Le purgatoire : traité historique, dogmatique et moral"
«
L'apôtre dit : il sera sauvé comme à travers le feu... On méprise ce
feu à cause des mots "il sera sauvé". Il est certain pourtant que ce feu
sauveur sera plus terrible que toutes les souffrances qu'un homme
puisse endurer en cette vie. »
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